La voie de la décroissance repose sur un postulat partagé par la plupart des cultures non occidentales : pour mystérieuse qu’elle soit, la vie est un don merveilleux. Il est vrai que l’homme a la faculté de la transformer en un cadeau empoisonné et depuis l’avènement du capitalisme, il ne s’en est pas privé. Toutefois, arrivé au fond de l’impasse, il n’est pas trop tard pour faire demi-tour et chercher un chemin de sortie praticable guidé par d’autres voix que celles de la pensée unique et des discours progressistes de l’économie et de la technique. Dans ces conditions, la décroissance est un défi et un pari. Un défi aux croyances les mieux installées, parce que ce slogan constitue une insupportable provocation et un blasphème pour les adorateurs du progrès et du développement. Un pari, parce que, pour nécessaire qu’elle soit, rien n’est moins sûr que réalisation du projet d’une société autonome de sobriété. Toutefois, le défi mérite d’être relevé et le pari d’être tenté. La voie de la décroissance est celle de la résistance, mais aussi celle de la dissidence, face au rouleau compresseur de l’occidentalisation du monde et du totalitarisme rampant de la société de consommation mondialisée.
Ce livre explore la construction d’une civilisation de sobriété choisie et d’auto-limitation alternative à l’impasse de la société de croissance. Par petites touches, comme dans un tableau impressionniste, il s’en dégage un dessein d’ensemble, une tonalité commune, un éthos.
Après une introduction « Le réveil des Amérindiens » qui évoque une autre voix, celle des indigènes de l’Amérique centrale et méridionale, et une autre voie, celle du ‘Sumak Kausai’ (bien vivre en quechua), proche d’une décroissance en acte, la première partie, « Sortir de l’impasse » cherche à frayer un future possible au delà de la catastrophe productiviste et de la fin du développement. La deuxième partie, « La voie de la félicité : sortir de l’économie », interroge l’économie de la félicité et l’esprit du don proposés par certains économistes pour remédier à la misère du présent et conclut à la nécessité d’une sortie plus radicale de l’économie dans une décroissance préparée par une éducation nouvelle en réactualisant le message d’Ivan Illich. La troisième partie « Autres voix et autres voies » explore les intuitions fécondes du philosophe Cornelius Castoriadis, incontournable précurseur de la décroissance, et interroge la possibilité d’une voix méditerranéenne suivant cet esprit. La quatrième et dernière partie « Une issue », propose tout simplement de profiter de la crise pour en sortir positivement en construisant la société d’opulence frugale de la décroissance. Finalement, tous ces essais convergent pour esquisser en conclusion le tao de la décroissance, une voie constituant tout à la fois et de manière indissociable, une éthique et un projet politique, qui ouvre une pluralité de cheminements possibles pour sortir de l’impasse économique.
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